Contrairement à d’autres maisons d’hôtes que nous avions visitées, qui étaient déjà prêtes à l’emploi, cette maison nous offrait la possibilité de tout créer à notre image.
Quelles ont été les principales étapes de la création de votre hébergement ?

Ce projet de maison d’hôtes était dans nos têtes depuis plus de 15 ans, mais il est resté en suspens à cause des nombreuses mutations de mon mari. Nous avions envie de créer un lieu accueillant, mais nous attendions de trouver un endroit où nous pourrions nous installer définitivement. En 2014, nous avons déménagé en Côte-d’Or, pensant y rester cinq ans. À la fin de cette période, une nouvelle opportunité de mutation s’est présentée pour mon mari, mais nos enfants nous ont fait comprendre qu’ils ne voulaient plus déménager. Ils s’étaient bien intégrés ici, et moi aussi, d’autant que j’avais trouvé un emploi stable dans une entreprise où je m’épanouissais.
C’est vers 2018-2019 que nous avons commencé à prendre le projet de maison d’hôtes au sérieux. Lors de nos balades en vélo le long de la Saône, j’ai remarqué le nombre croissant de cyclistes et de touristes étrangers. Cela m’a donné l’idée de créer un hébergement adapté à cette clientèle. En 2019, après que l’entreprise où je travaillais a été rachetée, je ne me suis pas entendue avec les nouveaux dirigeants. C’est à ce moment-là que j’ai demandé une rupture conventionnelle pour me consacrer entièrement à notre projet.
En septembre 2020, nous avons trouvé la maison parfaite pour concrétiser cette idée. Elle avait énormément de potentiel, mais nécessitait des rénovations importantes après un incendie en 2010. L’étage était resté en l’état après l’incendie, et nous avons dû tout refaire : l’isolation, la plomberie, l’électricité, et même le plancher. Cela nous a pris près de deux ans de travaux intensifs pour tout remettre en état, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le terrain de 8000 m², laissé à l’abandon depuis des années, a également demandé beaucoup de travail. Nous avons aussi aménagé des zones de tranquillité pour que nos hôtes puissent profiter du calme du lieu.
Dès le début, nous avons voulu obtenir le label "Accueil Vélo" car nous savions que l’emplacement était idéal pour les cyclistes. Nous avons donc aménagé une dépendance avec un espace dédié aux vélos, incluant des boxes pour chaque chambre, des prises électriques pour recharger les vélos et un atelier de réparation. C’était important pour nous d’offrir des installations adaptées à cette clientèle.
Après deux ans de préparation, nous avons enfin pu ouvrir notre maison d’hôtes en juillet 2023. Ce fut une belle aventure, pleine de défis, mais aussi de satisfaction. Voir le projet se concrétiser après tant d’efforts a été un moment fort. Aujourd’hui, nous avons encore des projets en tête, comme l’aménagement d’un terrain de pétanque, et nous continuons à réfléchir à des améliorations pour offrir toujours plus de confort à nos hôtes.

Chambre : L'OUCHE

Chambre : La Saône
Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette maison ?
Ce qui nous a immédiatement séduits, c’est l’étage qui était complètement vide. Contrairement à d’autres maisons d’hôtes que nous avions visitées, qui étaient déjà prêtes à l’emploi, cette maison nous offrait la possibilité de tout créer à notre image. Nous pouvions aménager l’espace exactement comme nous le souhaitions, et c’était très motivant d’avoir cette liberté. Le rez-de-chaussée était habitable tout de suite, ce qui nous permettait de nous installer sans attendre, mais l’étage était à aménager entièrement, un défi que nous avons relevé avec beaucoup d’enthousiasme.
Mon mari, quant à lui, a été séduit par les dépendances, parfaites pour ses projets de bricolage, et par le grand terrain de 8000 m². C’est un terrain immense qui représente un défi en termes d’entretien, mais qui offre aussi de nombreuses possibilités d’aménagement. Nous avons déjà commencé à développer un potager, un verger, et nous avons clôturé la zone autour de l’étang, à la fois pour protéger le potager des animaux et pour assurer la sécurité des enfants.
Ce qui a également joué un rôle clé dans notre choix, c’est la proximité avec la voie bleue, très fréquentée par les cyclistes. Cet emplacement est également très pratique pour les voyageurs en voiture, car nous sommes proches de plusieurs sorties d’autoroute.
Comment avez-vous financé ce projet ? Avez-vous bénéficié d’aides spécifiques ?

Nous avons financé l’intégralité des travaux avec nos propres moyens, mais nous avons aussi bénéficié des aides CEE (Certificats d’Économies d’Énergie), un dispositif qui permet aux entreprises de financer des projets de rénovation énergétique. Comme nous avons réalisé une rénovation complète, en utilisant des matériaux écoresponsables, cela nous a permis de bénéficier de cette aide. J’ai toujours voulu que cette rénovation soit respectueuse de l’environnement, c’est pourquoi j’ai insisté auprès des artisans pour utiliser des matériaux écologiques. Nous avons par exemple choisi d’isoler avec de la laine de bois, du chanvre, du coton et de la ouate mélangés. Toutes les peintures et papiers peints utilisés sont également labellisés écologiques.
Les artisans ont été très coopératifs dans cette démarche. Mon menuisier, qui est aussi un ami, m’a aidée à fabriquer des meubles en bois de récupération. Par exemple, il avait de belles chutes de chêne qu’il a utilisées pour fabriquer les meubles de salle de bain et des chevets en forme de caisses en bois. Les plateaux et plans de travail de la cuisine sont aussi faits en bois récupéré. Nous avons même dessiné ensemble les meubles de salle de bain, en s’inspirant de modèles que j’aimais mais qui n’étaient pas pratiques pour nous. Il a su adapter le design à mes besoins, ce qui a permis de créer des pièces uniques, entièrement fabriquées avec des matériaux durables.
Quelles sont les plus grandes satisfactions que vous retirez de cette nouvelle vie ?
Ce qui me satisfait le plus, c’est de voir que les clients reviennent, certains même plusieurs fois. Le week-end dernier, par exemple, un couple qui était venu il y a un mois a décidé de revenir pour deux nuits, à la dernière minute. Cela montre que notre accueil est apprécié, et c’est extrêmement gratifiant.
Ma vie a changé de manière radicale en seulement deux ans. J’ai quitté mon travail salarié, où j’avais toujours occupé des postes à responsabilité, pour devenir mon propre patron. Cela fait à peine quatre ans que j’ai quitté mon dernier emploi, mais j’ai l’impression que c’était il y a bien plus longtemps tant ma vie a évolué. Les travaux ont été éprouvants physiquement, mais aussi très excitants, notamment dans les phases où nous travaillions sur les plans et les finitions. Je me souviens du premier week-end où nous avons été complets : c’était une belle expérience, avec des familles très sympas, et ça reste un moment marquant.
Mon premier client, un Néo-Zélandais, m’a également beaucoup marquée. Je pensais bien parler anglais, mais son accent était tellement fort que j’ai eu beaucoup de mal à le comprendre. Heureusement, une famille de Ch’tis, dont le père parlait couramment anglais, m’a aidée. Ce sont des petites anecdotes comme celles-ci qui rendent cette aventure unique et enrichissante.
Aujourd’hui, ce que j’apprécie le plus, c’est la liberté de gérer mon emploi du temps. Même si en haute saison les journées sont intenses, je peux plus facilement organiser mon travail le reste de l’année. Cela me permet d’être plus présente pour ma famille, tout en continuant à rencontrer des gens formidables grâce à cette activité.
Avec le recul, referiez-vous les mêmes choix, ou y a-t-il des aspects que vous feriez différemment ?

Globalement, je referais les mêmes choix. Peut-être que j’aurais anticipé certains aspects techniques, comme l’installation d’une cuve de récupération d’eau de pluie enterrée. Cela aurait été plus simple de le faire dès le début, mais ce n’est pas impossible à réaliser maintenant. Nous avons encore beaucoup de projets en tête, comme transformer une partie de la terrasse en véranda pour que les clients puissent en profiter toute l’année et avoir une vue directe sur le parc.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans une aventure similaire à la vôtre ?
Le premier conseil que je donnerais, c’est de s’assurer que tous les membres de la famille ou du couple sont en accord avec le projet. Ce type de projet exige beaucoup d’implication, et si tout le monde ne soutient pas l’idée, cela peut vite créer des tensions. Il est essentiel que chacun soit conscient des sacrifices et des changements que cela va impliquer, et qu’il soit prêt à les accepter pour que le projet puisse réussir.