Champenoise de naissance, j’ai épousé un viticulteur de la Côte des Bar en 1976, et nous avons travaillé ensemble sur son exploitation viticole de champagne.
Ma bio
Ma région coup de cœur
Nous habitons un petit village de 180 habitants, Meurville, situé dans le vignoble de la Côte des Bar, dans le sud de la Champagne-Ardenne et à 45 km de Troyes.
Notre région est très vallonnée et a de forts jolis points de vue. Nous avons cette chance dans notre département d’avoir des paysages très variés en quelques kilomètres. Nous retrouvons une belle plaine en direction de Brienne le château et du Lac Amance, nous avons le parc naturel de la Forêt d’Orient et le Lac d’Orient en partant sur Vendeuvre.
Les sites à visiter sont forts nombreux : Nous sommes à 17 km de Bayel et de la cristallerie Royale de Champagne, de l’Abbaye de Clairvaux et à 25 km de Colombey-les-Deux-Eglises. Il y a un riche patrimoine culturel à découvrir également avec les églises à pans de bois (une architecture typique de la Champagne-Ardenne), les sculptures et les vitraux.
Ce que j’apprécie beaucoup, et ce sentiment est partagé par mes hôtes, c’est la convivialité des aubois ! Même si les lieux touristiques se sont développés et ont amené de la fréquentation, les acteurs du tourisme ont su rester simples, accueillants de façon naturelle et prêts à rendre service. C’est une merveilleuse qualité et c’est notre force.
Les grandes étapes de mon projet
Notre maison d’hôtes, l’Haubette, a ouvert ses portes au printemps 2002, après une longue année de rénovation et d’agrandissement de la maison.
Les moyens mis en place pour concrétiser mon projet
Après le décès de mon mari et les difficultés qui ont suivies face à la charge de travail qui m’incombait, j’ai beaucoup réfléchi.
Ma passion
J’ai une autre passion que j’ai pu développer toutes ces années : la décoration. Rien ne me fait plus plaisir qu’imaginer un nouveau décor pour une chambre, je me suis donc « régalée » pour Cosmos et Dame de cœur, les deux nouvelles chambres au printemps dernier. Je suis « en manque » quand il n’y a plus de possibilité de création. Et cette année, nous avons aménagé les combles de la maison d’hôtes, que nous avons appelé l’Espace Minor Villa (le nom de notre village sous l’époque romaine). Les combles aménagées ont permis de faire deux salles distinctes, l’une devenant bibliothèque et l’autre en une salle de remise en forme. J’aime aussi beaucoup m’occuper des enfants et je ne manque pas de leur aménager des « coins » personnels.
Mon plaisir au quotidien
Ce projet est dans la continuité de ce que nous souhaitions avec mon mari, l’œnotourisme allait de soi et nous partagions ce plaisir.
Accueillir, recevoir, faire sourire les gens, créer du bonheur, c’est mettre du soleil en permanence sur nos petits villages de campagne.
J’avais cette grande envie de vivre, de partager, de réunir, de chasser la grisaille, la tristesse, la douleur, et ce besoin d’agir, de travailler dur, de se battre.
Une anecdote à vous raconter
Mes enfants me disent souvent que j’aurais dû noter dans un journal tous mes souvenirs liés à mon activité de chambre d’hôtes.
C’est vrai j’aurais pu. Tant de personnages, tant d’histoires, tant de vie… Mais je ne l’ai pas fait. Je conserve dans mon cœur plein de bons moments partagés, des éclats de joie, des instants d’émotions, des rencontres trop courtes… Je n’ai pas « une plus belle rencontre » à raconter, ou plutôt j’en ai trop pour en sélectionner une.
Voir les gens nous quitter presque à regret, les voir revenir des mois plus tard comme heureux de cette bonne farce, créer parfois des liens durables avec certains, c’est « tout ça » le plaisir de faire vivre une maison d’hôtes.
Mais les amoureux de la chambre d’hôtes le savent, car ils viennent déjà les bras tendus… Ce n’est pas rare que des vacanciers m’apportent un de leurs produits locaux de la région dont ils sont si fiers : un morceau de comté, un kouglof, un pot de cancoillotte, des calissons, des fameux chocolats belges, une bière artisanale… Certains se reconnaîtront s’ils me lisent !
Il existe un « esprit chambre d’hôtes », il faut le conserver et le faire continuer de grandir. Ouvrir une maison d’hôtes conduit à une véritable ouverture de soi-même. Je n’avais pas conscience de cela il y a 15 ans. C’est une école de la vie. Accueillir tant de personnes différentes, d’éducations différentes, d’horizons différents. Vous vous ouvrez au monde, vous apprenez tous les jours. Je sais que je suis devenue plus tolérante, plus patiente, que j’ai compris ce qui était le plus important… au plus fort de mes angoisses, de mes douleurs, j’ai fait l’effort de rester ouverte, disponible et en retour j’ai gagné en sérénité, j’ai pu vaincre les périodes de déprime et je ne me suis pas laissée abattre par les difficultés.
J’ai le sentiment d’avoir donné mais surtout d’avoir beaucoup reçu.
Adhérent Gîtes de France
Il est difficile d’imaginer le tourisme dans vingt ans, j’essaie déjà de me projeter dans quelques années et je me demande si mes enfants pourront continuer à faire vivre l’Haubette.
En 15 ans déjà, beaucoup de choses ont changé. Les réservations se font à 70 % sur internet et le reste par téléphone. Les vacanciers ont besoin aujourd’hui d’une réponse immédiate, sinon ils se détournent pour aller ailleurs. Une attitude contradictoire car on enregistre aussi beaucoup plus d’annulations et de reports. Aujourd’hui on ne « mûrit » pas ses décisions, on agit en urgence, on se trompe puis on recommence.
En 2002, mes clients étaient essentiellement français, avec quelques belges, anglais et allemands. En 2014, nous avons accueilli quinze nationalités différentes !
Comment se projeter en 2035 ? Les clients aujourd’hui aiment le packaging. Ils ont du mal à être autonome dans leurs activités de loisirs, ils ont peur de l’ennui. Preuve en est du succès du coffret cadeau. Je suis moi-même partenaire de Wonderbox et de Dakota. C’est une véritable demande de la part de la clientèle d’aujourd’hui : il faudrait aller toujours plus loin et proposer en complément des activités, des sorties… Le vacancier veut être pris en charge, se laisser « porter », et sans doute veut- il ainsi se libérer du stress de son quotidien… Mais c’est dommage car il perd ainsi le sens du regard et tout devient uniforme, standardisé. Pour moi le « tout inclus » est dangereux pour l’identité de la France et de ses régions.
En même temps, il y a une forte progression des normes : la sécurité, l’hygiène… Tout devient cloisonné, l’augmentation des services et la progression des technologies ne s’arrêtent pas et inquiètent la femme ordinaire que je suis.
Je voudrais qu’on laisse le vacancier regarder la région avec ses propres yeux, qu’il puisse prendre le temps de choisir ses activités, qu’il fasse des découvertes personnelles, qu’il soit surpris, qu’il ait du plaisir dans une France merveilleuse avec des paysages si variés et extraordinaires, qu’il aille de lui-même à la rencontre des gens du terroir, car ce sont eux qui lui parleront avec le cœur.